Tiphaine CHABERT tiphaine.chabert[@]mediataide.fr


Par étape

En novembre 2019, juste après l’obtention de mon D.U. de médiation à Paris-Descartes, entrer au cœur de l’ANM a été une grande chance et une occasion incroyable pour concrétiser ma reconversion professionnelle.

Je suis si contente d’avoir osé changer de voie en 2017 jusqu’au choix final de ma formation pour apprendre la médiation à travers l’enseignement de Jacques Salzer (et d’autres éminents enseignants et intervenants).

D’enseignante-musicienne à médiatrice, il est certain que ces deux profils m’ont bien servie dans les diverses tâches de back office qui m’ont été confiées durant six mois à L’ANM.

Dans un souci constant de sérieux et d’efficacité, j’ai reçu ce CDD comme un cadeau de la vie.
Il a confirmé mon profil de médiatrice au fil des mois.

A l'ANM, une équipe

Didier Morfoisse, Président de l’ANM, et Dominique Filliâtre-Siméon, Secrétaire générale, m’ont fait confiance et je les en remercie très sincèrement.

Travailler en trio aux côtés de Vincent Ramon et de Thiziri Allaouane m’a permis deux belles rencontres et une polyvalence des tâches auxquelles j’ai dû et j’ai su vite m’adapter. 

Les grèves de décembre 2019 et la longue période de confinement du printemps 2020 nous ont malheureusement éloignés tous les trois et la nécessité du travail à distance s’est imposée tout en préservant l’esprit d’équipe et d’entraide à toute épreuve.

Le télétravail:
entre continuité et solitude

Mettre en place le télétravail a donc permis de garder le contact pour poursuivre l’activité chargée de l’ANM. Des points d’équipe quotidiens ont rythmé les semaines de mars à mai orchestrés par le président et la secrétaire générale dans un souci permanent de suivi des multiples sujets que l’ANM traite chaque jour (les journées sont trop courtes pour tout traiter !) La complémentarité de nos tâches et de nos personnalités ainsi que l’implication de l’équipe au complet se sont révélés comme une force et un soutien mutuel dans la période inimaginable du confinement subi.

A dire vrai, me couper pendant trois mois (sur six) du travail en présentiel m’a beaucoup manqué. En effet, les contacts humains et professionnels entrent dans mon idée que la dimension humaine est indissociable du rapport à « l’autre ». J’ai aimé voir, parler, échanger, essayer et recommencer dans une ambiance de travail bienveillante et sans jugement, ce que ne permet pas ou moins le travail à distance.

Au-delà de cette réflexion que rien ne peut remplacer l’humain quand on est salarié, la dimension humaine est indissociable de la pratique de la médiation.

La médiation de la consommation

Prendre davantage en compte l’Humain dans la médiation de la consommation comme dans la médiation institutionnelle (sujet de mon mémoire) permettrait un autre rapport entre professionnels et clients ou administration et administrés. 

Elle donnerait une autre image des professionnels et des institutions peu enclins à s’ouvrir à une médiation humaniste (Jacqueline Morineau). Il faut nécessairement s’adapter aux gens qui composent notre monde actuel et qui ont un fort besoin d’être écoutés en tant que personnes.

Echanger avec des médiateurs de la consommation au téléphone m’a permis de m’interroger sur l’obligation des professionnels d’adhérer à un service de médiation

Quelle place pour le médiateur?

Cette obligation issue de la directive européenne du 21 mai 2013 relative au règlement extrajudiciaire des litiges de consommation et transposée par l’ordonnance du 20 août 2015, rend obligatoire le fait d’offrir au consommateur le recours à un service de médiation de la consommation depuis le 1er janvier 2016 sans pour autant que le professionnel ait un devoir moral vis-à-vis du client de tenter une médiation.

Cela induit une action bien limitée pour ces médiateurs de la consommation qui n’ont pas de « clés » pour décider les professionnels à entrer en médiation (ils se limitent à payer leur adhésion obligatoire) et un vide aussi pour les clients qui se retrouvent seuls face à leur litige. 

Certains professionnels auraient besoin d’une formation à l’utilité de la médiation avec un rappel de la règlementation en vigueur qui prenne peut-être un autre contour en ajoutant un devoir moral ?

Et c’est justement avec des professionnels et des consommateurs que je me suis surprise à aimer le contact téléphonique découvert à l’ANM. J’ai pu parfois utiliser le process de médiation et l’écoute active pour mener à bien les nombreux échanges où l’écoute était essentielle face aux besoins très divers. 

Il faut bien l’avouer, le téléphone prend une part non négligeable dans les tâches de back office de l’ANM. Et finalement, dans le contexte de grèves et de pandémie, ces contacts téléphoniques se sont révélés nécessaires et formateurs.

"Médiateur junior"

Une fois mon contrat terminé, j’ai pu intégrer le programme de « médiateur junior » de l’ANM ce qui m’a permis de retrouver Karine Mehler et de rencontrer les médiateurs de Paris-Habitat pour pratiquer la co-médiation de voisinage. 

J’ai ainsi pris la mesure de ce que la médiation apporte de bon dans les conflits de voisinage que j’aimerais poursuivre en élargissant l’offre. C’est une médiation indispensable à répandre chez les bailleurs sociaux comme chez les bailleurs privés et les syndicats de copropriété. 

L’ANM peut d’ailleurs compter sur des médiateurs impliqués pour diffuser aux professionnels l’utilité d’aller à la rencontre de voisins en souffrance (qui n’en connaît pas ?!).

Sur la route de la médiation

Voilà donc six mois achevés sur une formidable première expérience au sein de l’ANM. 

Venir prêter main forte pendant cette période a été une chance inouïe et l’occasion rêvée pour concrétiser mon choix de reconversion.

L’ANM m’a permis d’ouvrir les portes sur un monde de professionnels, de formateurs, de médiateurs, de consommateurs, de médiés et de médiations comme jamais j’aurais imaginé en si peu de temps. Je garde en tête des rencontres et des contacts, les attentions, les échanges et la gentillesse vécus au fil des mois et ancrés pour longtemps.

Au plaisir de poursuivre en tant que médiatrice, de continuer à me former, de pratiquer des co-médiations (très enrichissantes), de rencontrer de nouveaux médiateurs et de diffuser la médiation plus que jamais nécessaire dans ce monde d’humains où chacun est unique.

Tiphaine Chabert-Sztykgold, adhérente ANM